Pourquoi aller vers l’EPUB 3 ?
On peut se poser la question aujourd’hui de savoir s’il est bien opportun de se lancer vers des productions en format ePub3. En effet, pour l’instant le seul format implanté est l’ePub2 et les applications de lecture ont du mal à se mettre à jour pour plusieurs raisons.
Cette attentisme nuit au développement des ouvrages enrichis ePub3, et tout le monde attend tout le monde !
Rübiger Wischenbart a publié son rapport sur l’eBook dans le monde. Il aborde les DRM la présence des différents formats et les methodes utilisées dans différents pays du monde. Même si je n’ai que survolé le rapport, une chose m’a frappé : l’omniprésence internationale des formats EPUB et PDF ! Alors pourquoi n’irions nous pas vers une adoption de l’ePub3 puisque son frère est si bien implanté ? Voici quelques points en sa faveur.
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Pour la technique
Sans entrer dans les détails, par rapport à l’ePub2, le format ePub3 permet de bénéficier de l’interactivité (JavaScript), rend possible la mise en page fixe et travaille sur la mise en page « Liquid » (nouveau concept), permet d’intégrer le multimédia (vidéo, audio), et le rendu dessin via le canevas HTML5 (vous programmez le dessin dynamiquement). Il permet aussi d’intégrer des marqueurs linguistiques comme dans le japonais, possède un renforcement sémantique de ses blocs permettant une meilleure prise en charge par les applications d’assistance à la lecture (lecture synthétique ou pour malvoyant…), intègre les capacités TTS (Text to Speech), prend en charge MathML pour la création des formules scientifiques, etc.
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Une présence aux côtés des différents formats
Bien qu’on ne puisse pas trouver de chiffres permettant de constater la présence des ePub3 parmi les formats, on trouve quand même que le format ePub 2 est largement adopté et commence sérieusement à rentrer dans les mœurs pour détrôner le format PDF (qui est épouvantable à lire sur une tablette de petite taille). J’en trouve une trace parmi les enquêtes du SNE, par exemple « Baromètre des usages du livre numérique – mars 2012, SOFIA –SNE –SGDL » téléchargeable sur leur site (page 19) :
Ce qui rend la tâche encore plus difficile c’est que les diffuseurs noient le poisson en n’indiquant jamais la version de format de l’ePub. Tout est ePub mais de là, à savoir s’il s’agit d’une version 2 ou 3 ? La même règle est appliquée aux applications de lecture qui indiquent prendre en charge le format ePub… mais lequel ?
Formats compatibles en fonction du niveau de complexité de mise en page
Formats |
Textes |
Textes |
Mise en page |
Multimédia |
Comics BD |
• |
• |
• |
non |
• |
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ePub 2 |
• |
• |
non |
hybride |
adaptation |
ePub 3 |
• |
• |
• |
• |
• |
azw(Kindle) |
• |
• |
non |
non |
non |
KF8 azw3(Kindle fire) |
• |
• |
• |
• |
• |
Formats et supports
Formats |
Liseuse |
Tablette Android |
iPad |
Kindle |
• |
• |
• |
? |
|
ePub 2 |
• |
• |
• |
non |
ePub 3 |
peu répandu voire inexistant |
selon l’application |
• |
non |
azw |
non |
non |
non |
• |
KF8 (azw3) |
non |
non |
non |
• |
Multimédia embarqué |
non |
• |
• |
Selon matériel |
Mise en page fixe |
non |
marginal |
à partir de l’iPad2 |
• |
Bien que ce dernier graphique confonde les liseuses Kindle et les tablettes, il est intéressant de noter que Kindle ne représente que 10 %, alors qu’Apple avec iOS (iPad) couvre 56% et permet la prise en charge de l’ePub 2 et 3.
A noter aussi que le format KF8 de Kindle peut s’obtenir par la conversion (avec les outils de Kindle) d’un ouvrage initial en ePub 3.
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Un soutien mondial et national
Un lien vers un post relayant l’information de la volonté de l’Union internationale des éditeurs de privilégier le format ePub3 pour les contenus numériques (mars 2013) : http://www.livreshebdo.fr/actualites/DetailsActuRub.aspx?id=10262
A noter l’adhésion au consortium IDPF (le fondateur du format ePub), du SNE en 2012, lorsque le format ePub3 a été publié. SNE qui sur son site promeut l’emploi du format ePub 3.
Le consortium Daisy, qui s’occupe de l’élaboration de normes pour rendre accessible les ebooks, déclare préférer le format ePub 3 à ses propres formats. Une allusion figure d’ailleurs dès la page Home du site www.daisy.org.
A noter aussi la présence dans le consortium IDPF de poids lourds de l’édition : Hachette, Eyrolle, Pearson Education etc, et pour le syndicat de l’édition SNE, celui-ci a rejoint l’IDPF en 2012 après l’adoption du format ePUB3.
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Une présence qui monte sur les ebookstores
Voici une liste d’ebookstores distribuant des formats ePub 3, pris directement depuis le site anglo-saxon The Digital Reader :
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- O’Reilly
- Samsung
- Sony
- iBooks
- Gumroad (plus un site marchand qu’un ebookstore, cependant vous pouvez vendre de l’ePub3)
- Kindle Store (cas d’ePub3 convertis en KF8 avec les outils Amazone)
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Une prise en charge par les applications de lecture :
Readium (pluging chrome), ibooks (application native de l’ipad et très bientôt sur les nouveaux systèmes iOS), Azardi (application de lecture pour Windows), Sony Reader qui vient de modifier son application de lecture…
Les tablettes Sony ont modifié leur application Android et IOS pour faire en sorte d’être compatible ePUB3. Le Sony Reader, bien que téléchargeable sur Google Play, n’est malheureusement pas compatible avec les autres tablettes Android, d’ailleurs il est estampillé « Sony Reader for Xperia tablet »
« Sony Releases New Sony Reader App for iPad, iPhone With Epub3 Support
Posted: 04 Oct 2013 06:36 AM PDT
Sony launched a new version of the Sony Reader app for iOS earlier this week, and for the first time the app now offers limited support for Epub3. But only if you buy ebooks in Japan.
As odd as it may sound, Sony has released a new reading app which is only available in iTunes Japan, and it appears to only work with the Sony Reader Store in Japan. If you try to download the app from the US iTunes you will get the older app, which was made by Bluefire.
While the Sony Reader Android app has had limited support for Epub3 since early 2013, their iOS app has lagged behind and was only updated this week. According to my source (and confirmed in iTunes), the new app only added support for the Epub3 fixed layout spec. This is going to enable readers to buy from a catalog of 20 thousand manga and magazine titles. »
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Universités : Master de l’édition.
Je constate que les masters abordant l’édition numérique comble la notion de formats de l’édition numérique par essentiellement une connaissance au Web 2.0, faute, je pense, de ressources ou de connaissances précises en la matière…
A Clermont Ferrant dans le Master 1 « Conduite de projets des métiers du livre », l’objectif est bien fixé : « {…} inventorier les différents types d’œuvres numériques et les usages des nouveaux supports de lecture, connaître les méthodes de réalisation des œuvres numériques, identifier les nouveaux acteurs et prestataires de l’édition numérique… Connaître la nouvelle offre éditoriale numérique, les secteurs émergents, leurs acteurs et les techniques mises en œuvre ».
Mais le contenu technique est un peu vide.
Edition numérique
24h TD
Le cours de Valérie de Marchi a pour objectif de vous permettre d’acquérir des bases générales et techniques sur l’édition numérique, de constituer votre propre veille documentaire sur les mutations du livre et d’élargir votre champ de connaissances en lien avec votre projet professionnel.
Objectifs : Pouvoir définir l’édition numérique et ses offres, comprendre les enjeux et mutations de la chaîne d’édition face au numérique, identifier les nouveaux modes de communication du livre numérique, inventorier les différents types d’oeuvres numériques et les usages des nouveaux supports de lecture, connaître les méthodes de réalisation des oeuvres numériques, identifier les nouveaux acteurs et prestataires de l’édition numérique, appréhender les aspects économiques, juridiques et politiques du livre numérique, réfléchir aux alternatives possibles pour le livre numérique.
Le cours de Gabriel Soucheyre portera sur les avancées ou innovations technologiques issues de l’internet et plus particulièrement du web 2.0 en tant qu’elles impactent nos modes de pensée, de travail et de diffusion de l’information. Il s’agira de présenter et analyser ces développements : quels changements et pour quels services ?
Objectifs : Connaître la nouvelle offre éditoriale numérique, les secteurs émergents, leurs acteurs et les techniques mises en oeuvre.
Intervenants : Valérie de Marchi (12h) et Gabriel Soucheyre (12h).
Evaluation : Contrôle continu
Pour le Master 2 « Mention : Conduite de projets culturels – Spécialité : Métiers du livre et multimédia » c’est plus net :
Edition numérique : panorama et opportunités
Cours de G. Michels (6h TD)
Objectifs :
- Suivre l’évolution du marché du livre numérique et ses différents usages (lecture en numérique et mobilité)
- Connaître les différentes plateformes (tablettes, liseuses, smartphones…) et formats (Epub/ PDF/ mobi/ Ibooks/ KF8) et les nouveaux business model et focus sur des start-ups du monde de l’édition numérique.
Evaluation : Contrôle continu (dossier ou exposé)
Il semble donc logique que l’ePub 2 et 3 soient abordés.
L’Université de Poitiers :
Master professionnel – Domaine : Arts Lettres Langues – Mention : littératures Spécialité : livre et médiations : édition commercialisation et vie littéraire
http://www.univ-poitiers.fr/formation/nos-formations/par-diplome/les-masters/mention-litteratures/master-professionnel-et-recherche-arts-lettres-langues-mention-litteratures-specialite-livre-et-mediations-edition-commercialisation-et-vie-litteraire-663751.kjsp?RH=1349263579956L’idée commence à germer, en décalage, de proposer une base technique dans ce domaine.
Dans ce Master, l’objectif est plus d’animer un réseau Web tournant autour du livre que d’aborder le livre numérique :
« Donner la maîtrise des méthodes techniques et intellectuelles permettant de créer et de gérer le site WEB d’une structure culturelle autour du livre (médiathèque, Centre du Livre, Association, collectivités locales…) »… cependant parmi les objectifs visés : « Une maîtrise des outils techniques : ces outils en constante évolution doivent être maîtrisés par tout étudiant sortant du master en termes de maîtrise avancée du webdesign et du web dynamique (web 2.0, html 5, flux, réseaux…), édition structurée (gestion des métadonnées, secrétariat de rédaction et production de contenus). Des liens avec le département d’informatique de l’UFR L&L et les masters « Web éditorial » et « Compétences documentaires avancées » de l’Université de Poitiers (secteur SHA) sont à l’étude pour assurer cette dimension technique. »
Parler d’édition numérique sans parler des formats ne me parait pas être une bonne idée.
Ainsi même si encore aujourd’hui il existe très peu d’applications permettant de prendre en charge le format ePub3, je ne conprendrais pas pourquoi celui-ci serait condamné à ne pas être utilisé.
Je pense qu’aujourd’hui se pose un problème majeur pour l’édition : pourquoi utiliser un format pour contenus enrichis – disons-le clairement – alors que nous n’avons pas d’ouvrage enrichi ! La base du problème est ici. Jusqu’à présent il était relativement aisé de porter ses titres papier en version numérique, via le PDF et l’ePub, parce que le fonds littéraire est essentiellement constitué de textes. Certains ouvrages plus imagés posaient quelques problèmes de refonte ou d’adaptation mais ils existaient.
Avec les ouvrages enrichis, tout est à faire ! Il est toujours plus difficile de partir de rien…