Comment les écoles américaines achètent et utilisent les ebooks ?

Salle de classe

La plupart des observateurs conviennent que le livre numérique est là pour rester, du moins dans un avenir prévisible.

Jetons un oeil sur le marché de l’eBook dans de domaine de l’Éducation.

Quelques chiffres sur le marché de l’ebook scolaire

La difficulté pour définir le marché de l’eBook sur le territoire américain, est de connaitre les modes de commercialisation des ebooks dans les écoles, tant ils sont divers et variés.
Selon le rapport de 2014 de l’Association of American Publisher, les revenus des éditeurs sur le marché du K-12 (c’est à dire de la maternelle au lycée en France) dans les produits contenant des ebooks, atteint les 1,6 milliards de dollars et se répartisent pour 1,2 milliard sous la forme de bouquets ou bundles et pour 382 millions sous la forme de plateformes ou de logiciels.

Ce chiffre n’est pas une surprise tant le potentiel de l’utilisation pédagogique des ebooks dans les écoles est grand. Une enquête nationale conduite en janvier 2015 par LightSail Education (concepteur d’une plateforme spécialisée dans l’alphabétisation en partenariat avec Baker & Taylor) sur la base de 475 personnes de la communauté éducative, a mis en lumière que 94% des répondants pensent que la lecture d’ebooks dans leurs écoles va significativement augmenter d’ici les deux prochaines années.
52% des chefs d’établissement consultés se déclarent « vouloir absolument » que leurs élèves se mettent à la lecture de livres numériques. L’enquête ne dit malheureusement pas s’il s’agit plus de l’utilisation de l’ebook qui est préconisée ou bien la nécessité de favoriser les activités de lecture…

Plus concrètement, le journal « School Library » dans son enquête de 2014 « Survey of E-book Usage in Schools », a chiffré à 66% le nombre d’écoles offrant l’accès aux ebooks à leur élèves, c’est à dire une augmentation de plus de 10% par rapport aux chiffres de l’année précédente. D’ailleurs les observateurs ont constaté aussi l’augmentation de la circulation des livres numériques dans les bibliothèques scolaires et qui se prolonge sur 2014-2015.

La part des enfants qui lisent régulièrement des ebooks a sensiblement augmenté ces 5 dernières années, d’après le rapport de 2015 de Scholastic’s “Kids and Family Reading Report”. En effet, en 2010, ils n’étaient que 35% a avoir lu au moins un livre et ce chiffre est passé à 61 % pour l’année 2014.
La plupart des élèves lisent des ouvrages numériques chez eux, cependant le pourcentage des enfants lisant à l’école à doublé entre 2012 et 2014 pour atteindre 21 % (LightSail 2015).
Follett.com qui fournit près de 65000 établissements aux Etat-Unis a vu ses demandes d’ouvrages numériques augmenter tout autant. Pour son vice président, Nader Qaimari, ce succès s’explique du fait que la plateforme de distribution existe depuis plus de 10 ans et qu’au départ, dans les premières années, il y avait une croissance phénoménale bien plus élevée que la croissance actuelle même si elle s’élève toujours à deux chiffres.

Report 2015
Source : Scholastic’s “Kids and Family Reading Report” 2015

Pour Jennifer Allen, présidente de Educational Book and Media Association  et gestionnaire d’acquisition d’ebooks pour Booksource  (fourniture exclusive de titres et de collections pour les classes), l’activité e-book a légèrement progressé au cours des dernières années.

« Je pense que dans la salle de classe, les enseignants sont encore à essayer de comprendre quelle peut être la meilleure utilisation des ebooks en classe alors que du côté de la bibliothèque de l’école, les bibliothécaires ont vu immédiatement l’intérêt des ebooks, ne serait-ce que pour améliorer la maîtrise de leurs finances. L’enseignant doit souvent passer par un coordinateur, un référant ou un spécialiste des programmes, et enfin par un gestionnaire pour ses achats. Dans ce cas, le décideur est bien plus loin de la personne qui utilise en fait les ebooks ».

Cependant, Jennifer Allen souligne que les enseignants avec lesquels elle travaille sont très férus de technologie, et utilisent divers outils numériques.

« Les enseignants utilisent beaucoup de contenus numériques, même s’ils ne sont pas encore entrés dans l’univers des livres électroniques. […] La croissance pour les livres électroniques a été faible dans les classes, mais je pense que cela va changer dans quelques années. Nous faisons des enquêtes client et la plupart des personnes nous disent qu’elles vont acheter des livres électroniques dans l’avenir « .

Pour Arbordale Publishing, qui commercialise directement des ebooks par abonnement annuel ou abonnement « à vie » et qui utilise aussi un réseau de partenaires, la croissance des ventes d’ebooks fonctionne par « à-coups ». Il s’agit souvent d’un challenge et souvent dans le cas de politique de regroupement des achats de la part des écoles, leur chiffre d’affaire baisse pour mieux remonter par la suite. En effet, les écoles qui avaient des abonnements chez nous avant les regroupements, reprennent les même abonnements après le regroupement auprès du nouveau distributeur.

Les ventes en produits numériques et ebooks sont à la hausse chez Capstone. « Environ 40% de notre activité est numérique, et elle croît rapidement, » affirme sa directrice générale Ashley Andersen Zantop. « Il ne fait aucun doute que la demande pour les ebooks est en augmentation », ajoute-elle.
Les ebooks de Capstone sont disponibles par le biais de sa propre plate-forme, mais aussi par l’intermédiaire du programme d’alphabétisation MyON et comprend également des titres d’autres éditeurs. Ils commercialisent aussi par le biais d’autres distributeurs de livres électroniques.

Cas pratiques

L’industrie montre que de nombreuses écoles achètent déjà des livres électroniques, et que beaucoup d’autres aspirent à le faire. Mais comment une école ou un groupe scolaire décident de passer à l’ebook ? Quels sont les obstacles ou les défis qu’ils vont rencontrer ? Au cours des dernières années, les budgets dans les écoles ont été notoirement serrés et, actuellement la bibliothèque fait figure de parent pauvre.

Les écoles qui veulent acheter des livres électroniques doivent estimer le coût des l’ebooks mais aussi le coût de leur support de lecture… Elles doivent aussi s’assurer que les configurations techniques sont suffisantes et appropriées (Wi-Fi, bande passante, espace de stockage, site web, accessibilité etc). Les écoles qui peuvent se le permettre doivent décider quels support acheter et combien !

Pour les écoles adeptes du BYOD (Bring Your Own Device), elles vont avoir besoin d’être certaines que le contenu numérique qu’elles achètent va correctement fonctionner avec la multitude de supports en circulation. En outre, à l’école, la plupart des contenus numériques sont accessibles à distance mais encore faut-il que l’élève ait accès à Internet ! Et quand il l’a, que son débit soit suffisant ! La fracture numérique affecte tellement l’accès des élèves aux contenus numériques et à la maison et à l’école, que le président Obama a annoncé l’Open E-books Initiative pour aider à résoudre la question.

Dans certains cas, et principalement dans les premiers jours frénétiques qui suivent l’acquisition ou la donation de supports de lecture (tablette ou autres), les écoles se sont retrouvés désorientées et impuissantes à utiliser ces nouvelles technologies si elles n’avaient pas avant, élaboré un plan numérique ou une stratégie d’utilisation d’ebook. Certains fournisseurs ont même noté que dans des cas comme ceux-la, ils ont parfois fait face à des demandes d’intervention du genre : «Notre école vient de recevoir des ordinateurs portables / tablettes / e-Readers… Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? ». Le besoin accru d’expertise informatique dans les écoles ou les groupes scolaires a créé un changement important : les spécialistes TICE  des écoles jouent un rôle plus important, fournisseurs gagnent plus de connaissances du terrain, et les entreprises de haute technologie locales sont en train de gagner des parts de marché. Chez Arbordale on constate aussi un changement de comportement. Les référents techniques dans les écoles sont mieux informés, il y a un changement radical dans le type de questions posées et on note une plus forte implication des personnels enseignants dans les achats, surtout lorsque ce sont eux qui conduisent les projets. Ce changement de comportement fait aussi que chez Armoriale on connait mieux aussi les supports tablette et que les questions sont plutôt « comment adapter mon contenu » que « je veux du contenu numérique à tout prix » !

Un exemple… Lincoln

Il y a deux ans, le personnel des écoles publiques de Lincoln dans le Nebraska (Lincoln Public Schools) a conçu un plan numérique sur 10 ans qui a permis le succès de l’implantation des ebooks et de leur support dans les 56 établissements du district. Cette année le conseil de Lincoln a procédé à un réajustement de 50 millions de dollars pour permettre la fourniture de supports de lecture auprès de tous les élèves (du primaire au lycée) d’ici 2017-2018.
« Le plan était très réfléchi », dit Mary Reiman, directrice des services de médias pour le Lincoln Public Schools, « Nous avons la chance d’avoir un directeur et un conseil favorables et visionnaires. C’est un travail d’ensemble où tous les secteurs se sont impliqués pour comprendre les détails du projet, la façon d’obtenir des financements, les moyens de soutenir le projet et la formation des personnels.Le choix de Lincoln Public Schools s’est porté sur l’utilisation des Chromebooks (ordinateurs équipés du système d’exploitation google chrome) car ceux-ci sont plus facile à gérer que les ordinateurs classiques ou les tablettes et contiennent tout ce dont les élèves ont besoin. Ils évitent ainsi, les problèmes des jeux ou de l’installation de programmes non autorisés puisqu’à ce jour il y a peu d’applications conçues pour ce système.

Pour arriver à ce choix technologique, ils ont donné à des élèves de primaire et de collèges pendant une année pilote, différents supports. Ceci a permis de leur fournir de précieux renseignements quant à leur utilisation. Ensuite ils ont planifié une dotation annuelle progressive :

  • la première année : les élèves de 6ème recevront leur ChromeBook
  • deuxième année : les élèves du CE2 au CM2
  • troisième année : les élèves de 4ème…

Le groupement Lincoln Public Schools s’occupe de près de 35000 élèves et même si d’autres districts du Nebraska sont plus avancés en la matière, il a choisi d’y aller progressivement pour ne pas se tromper.

Une fois qu’un établissement ou un groupement scolaire a pris la décision d’acheter des livres électroniques pour ses élèves, il doit choisir un fournisseur d’ebooks et le problème est de taille. En effet, alors que les bibliothèques publiques américaines ont opté majoritairement pour un unique fournisseur (OverDrive), il en est autrement dans le domaine scolaire où le marché est éclaté. Ainsi les établissements doivent évaluer une multitude de modèles économiques, de prix et de services proposés par de nombreux fournisseurs. En outre, les distributeurs doivent se conformer aux restrictions imposées par les éditeurs pour l’achat de livres numériques, de licences ou d’abonnements (Storia, Scholastic, Epic…).

On peut donc rencontrer des systèmes d’accès perpétuel, des licences à terme, des licences avec droit de circulation (Harper-Collins) ou non, des paiements à l’utilisation (Hiv), l’utilisation de bouquets, accès simultanés ou non, limités ou non, possibilités de téléchargement complet, partiel etc.

Il est évident que l’offre la plus attrayante, la plus populaire et la plus rentable, est celle basée sur le modèle d’accès illimité et permanent, qui fournit la copie d’un titre pour l’école afin qu’ils puissent y accéder à perpétuité ! Cependant elle a tout de même un coût. Pour Qaimari de Follett, « les plateformes de distribution sont la clé, car les enseignants ont besoin de garder une trace des ressources et ont besoin de savoir quand un titre expirera, ou quand il devient disponible pour un autre étudiant ». Il est a regretter que M. Qaimari ne possède qu’une approche de l’ebook basée sur l’emprunt d’ouvrages à la « bibliothéque » et non sur l’utilisation des ouvrages en classe.

Bien sûr que ce modèle est intéressant et facile à appréhender car il est le plus proche de l’utilisation classique des livres imprimés, mais il n’est tout simplement pas viable pour l’éditeur. Cependant, il ne faut pas non plus négliger un autre problème de taille : acheter des titres avec une licence ponctuelle, fait que l’année suivante ils disparaissent des étagères numériques au fur été à mesure que les budgets se restreignent. C’est donc prendre le risque de ne plus avoir de titres à proposer (Ann Fondren, coordinatrice des bibliothèques pour les écoles du comté Spotsylvania en Virginie).

Dans certains cas, les écoles choisissent un fournisseur d’ebookd qui était souvent déjà leur fournisseur de livres imprimés au travers d’une interface de gestion au cas par cas des ouvrages. Ainsi, la bibliothèque peut donner l’accès à tel ou tel ouvrage en fonction de l’établissement, des classes et peut affiner jusqu’à l’élève ce qui lui confère une meilleurs maitrise de ses coûts et du contrôle de l’utilisation des ebooks. Par exemple en restreignant l’accès à certains livres, la bibliothèque peut transférer ce droit d’accès vers des titres plus demandés ou nécessaires dans le cas d’opérations pédagogiques ponctuelles. Et reprendre ses droits d’accès une fois l’opération terminée.

Dans le même genre de plateforme de distribution, Shannon Miller, conseillère pédagogique à Van Meter dans l’Iowa, a trouvé dans MackinVIA un choix parfait, puisque la plateforme permet d’ajouter des ressources numériques diverses et très variées : des ebooks, des bases de données, des livres audio, des vidéo et plein d’autres liens ainsi que des travaux numériques réalisés par les élèves, des ressources gratuites, Google Docs…

La documentaliste, Jane Lofton du Lycée Costa Manhattan Beach, après avoir essayé plusieurs fournisseurs (Follett, Mackin, Lerner, ABC-CLIO), pense que la meilleure solution est l’abonnement à EBSCO, une plateforme gestionnaire de ressources basée sur le Cloud qui permet l’accès simultané et illimité à la ressource.

Pour reprendre le projet des écoles de Lincoln, leur choix s’est porté sur plusieurs fournisseurs pour couvrir en partie l’ensemble de leurs besoins : Mackin, OverDrive, ABDO, Rourke et d’autres.

Une approche différente : le département Education de la ville de New York

Le département Education de New York aborde les choses de manière totalement différente et envisage de conclure un contrat de 30 millions de dollars réparti sur trois ans (avec une option de renouvellement pour deux années supplémentaires) avec Amazon Media qui doit fournir une vitrine de livres électroniques et du contenu numérique à 1.800 écoles publiques de la ville et à près de 1,1 millions d’étudiants.
À noter quand même qu’auparavant les écoles achetaient leurs ebooks avec leur propre deniers et ce n’était pas rentable.

Grâce à cet accord, Amazon sera le distributeur exclusif pour les manuels scolaires et autres contenus numériques qui n’ont pas été précisés, et ce sera lui seul qui gèrera tout le fonds numériques. On pense déjà aux problèmes que cela peut poser… Bien sûr, les utilisateurs auront à leur disposition du matériel Amazon (Kindle ?) et les enseignants pourront suivre les progrès des élèves… L’article ne parle pas des contenus interactifs et pédagogiques, donc on peut se demander sur quelle base les enseignants pourront suivre leurs élèves. L’élève quant à lui disposera même d’un dictionnaire intégré et pourra écrire des commentaires… sans commentaire !

Cette accord a été conclu après examen par un comité de New York de 14 propositions différentes… dont celle d’OverDrive. Cependant Amazon a très massivement cassé ses prix et c’est ce seul critère qui l’a emporté, engendrant des interrogations dans la communauté éducative new-yorkaise.

Pour la petite histoire, la Fédération Nationale des Aveugles de Baltimore a dénoncé cet accord au motif que la communauté des malvoyants avait été totalement exclue et qu’Amazon n’était pas en mesure d’apporter des solutions en la matière. Ce à quoi il a été répondu par la ville de New York, que le vote avait été reporté pour répondre à ces préoccupations et veiller à ce que toutes les communautés puissent utiliser les ebooks et les ressources numériques et qu’Amazon et ses partenaires y veilleraient. L’accord serait donc repoussé à l’automne et l’avenir nous dira si le géant s’est réellement plié à l’exigence de rendre accessibles ses ressources.

Soutenir les clients et les produits

Pendant le processus de sélection d’ebooks, les fournisseurs peuvent travailler avec les enseignants pour les aider à affiner leurs choix. Tous les gros fournisseurs arguent sur le fait qu’ils sont spécialistes du contenu scolaire depuis de nombreuses années et qu’ils sont donc les mieux placés pour aider les enseignants dans leurs choix. En outre, leur argumentation est de se focaliser sur le contenu et non la forme.

Beaucoup d’autres fournisseurs de livres électroniques mettent en avant leur niveau de service à la clientèle, l’assistance à l’utilisation des produits, les webinaires, les formations sur place et en ligne en ligne en direct, le support technique, les vidéos, les guides imprimés de dépannage, etc. (exemple Scholastic). Ceux-ci définissent ces services comme un retour des utilisateurs qui leur permet d’améliorer continuellement leurs services, de mieux répondre aux besoins des utilisateurs en apportant des réponses adaptées et en restant à la pointe de la technologie.

D’autres encore axent sur des E-Reader chaînés à leur plateforme. Arboriale a d’ailleurs lancé son test E-Reader une année plutôt permettant à 125 écoles de se connecter. En contrepartie, les établissements doivent rencontrer mensuellement le fournisseur pour rendre compte des retours d’expérience. C’est aussi un peu le type de projet sur lequel est en train de travailler la société BlueFire en Grande Bretagne.

La mise en oeuvre

Le plus grand défi pour les bibliothécaires auquel ils sont confrontés lorsqu’ils mettent en place des ebooks dans leurs écoles, est de s’assurer que les élèves, les collègues, les administrateurs et les parents ont connaissance de l’existence des ebooks.
Le consultant Miller, donne plusieurs conseils, comme communiquer lorsque les titres sont intégrés dans leur catalogue et qu’en parallèle il faut mettre en place une organisation claire et définir quelle plateforme va être utilisée. Il préconise d’ailleurs de rendre visible les ressources dans un endroit unique. Il lui plairait aussi de pouvoir ajouter des mentions de type « Vérifiez que la ressource existe en ligne avant de l’imprimer » !

D’autres bibliothécaires ont eux aussi constaté la faiblesse de la diffusion de l’information : les élèves arrivaient à la bibliothèque et ne « voyant » pas les ebooks dans les rayonnages, ils ne pensaient pas à eux et n’utilisaient que des livres imprimés.

Seules des actions pro-actives sont à préconiser : affichage permanent dans les locaux sur l’existence des ressources en ligne, chaque ouvrage papier possède un étiquetage caractéristique indiquant la disponibilité de la ressource en ligne, permanence du message sur les sites web, etc. Et bien sûr de les utiliser en cours…

L’utilisation

La plupart des enseignants indiquent qu’ils sont utilisateurs de ressources numériques liées aux programmes mais ils mettent aussi l’accent sur le développement d’une collection d’ouvrages bien équilibrée selon les finances dont ils disposent.

Au Public Schools Lincoln on met l’accent sur le maintien d’un comité d’éducation qui examine le choix des ressources numériques afin que la technologie ne prenne pas le dessus.

Fondren a fait le choix d’incorporer d’abord des ebooks directement liés au programme, puis ensuite d’étendre la collection à des titres qui pouvaient intéresser les élèves afin de leur donner envie de lire des ebooks. Et enfin, elle a intégré des ouvrages professionnels pour les enseignants en avouant que du fait de leur coût plus élevé, elle a du mal à les maintenir.

Concernant les utilisations, les bibliothécaires ont constaté que les ebooks était souvent le choix préféré des lecteurs en grande difficulté de lecture. En effet, ceux-ci ne souhaite pas montrer à leurs camarades leur difficulté en lisant un livre imprimé que tout le monde pourra voir. Alors qu’avec l’ebook, le problème est réglé puisque personne ne sait ce que vous lisez. Dans le même genre d’idée, certains ont noté une utilisation plus accrue de la fonction narrative (audio) pour les mêmes élèves.

Pour Lorton, elle ne voit pas beaucoup d’élève lire des ebooks pour le plaisir. Pour elle, les éditeurs sont assez maladroits car ils se sont contentés que de transférer les formats imprimés dans le numérique. On peut supposer que sa collection d’ouvrages ne soit constituée principalement que de livres au format PDF, ce qui ne délivre pas une expérience de lecture confortable. En outre, elle indique aussi que sa collection d’ouvrages de fiction est particulièrement pauvre et que lorsqu’un titre populaire est demandé, l’utilisation restrictive dans le temps est un frein et ne fonctionnait pas.

Peu importe dans quelle mesure les ressources numériques sont intégrées, toutes les personnes interrogées maintiennent pour des raisons philosophiques ou financières un mélange d’ouvrages imprimés et d’ebook dans leur collection.

« Le Numérique est en croissance, mais le livre imprimé est encore très fort, dit Allen de Booksource. Je ne l’ai pas encore vu le passage de l’imprimé au tout numérique. La plupart des enseignants utilisent des ebooks en tandem avec des livres imprimés. Je ne connais que quelques salles de classe qui n’ont pas d’ouvrage papier ». Et pour Qaimari d’ajouter : » Nous avons également constaté une croissance de la presse cette année, ce qui est surprenant pour nous. »

Selon Scholastic le livre imprimé ne va pas disparaître, même avec l’adoption accrue des ebooks tandis qu’au Lincoln, Reiman note  : « Nous avons sous forme d’ebooks des ouvrages de mathématique et sur les arts du langage, mais financièrement nous ne pouvons pas dire que nous n’utilisons plus les manuels imprimés. »

« Parfois, l’impression est la bonne solution ! » dit Andersen Zantop à Capstone. « Les budgets sont ce qu’ils sont. Nous essayons de répondre à ce que les besoins pédagogiques soient couverts … »

Du côté des élèves, lorsqu’ils sont interrogés sur les ebooks par rapport aux ouvrages imprimés, ils se déclarent préférer à 65% la lecture sur des livres imprimés même si l’homothétique numérique existe (2015 Scholastic « Kids and Family Reading Report »), pourcentage en hausse par rapport à 2012.
Pour 61% des enfants qui ont déjà lu un e-book, selon l’enquête, plus de la moitié ont dit qu’ils préféraient lire des livres imprimés.

Et pour l’avenir ?

« Je voudrais voir des livres électroniques qui sont plus adapté pour les smartphones », dit Lofton, qui note que la plupart des élèves de son école, située dans un quartier riche en Californie du Sud, ont tous des smartphones.

Fondren souhaiterait, quant à elle, que les éditeurs leur fassent d’avantage confiance et ne mettent pas autant d’obstacles notamment en ce qui concerne les différentes options de lecture possibles, et qu’ils arrêtent de se mettre en tête que nous n’achèterons plus de livres imprimés.

Elle fait part aussi de sa vision du numérique pour ceux qui douteraient d’y passer  : « Le monde de l’ebook est un peu comme l’Ouest sauvage. Il existe des règles mais personne n’a les mêmes. Et dans ce bouillonnement, il ne faut pas attendre que la poussière retombe pour faire le saut ! ».

Selon Qaimari, le modèle de l’ebook traditionnel et homothétique ne peut pas continuer. Pour les éditeurs, il s’agit seulement de droits d’accès et de numérisation de contenus. Cependant en ce qui concerne l’apprentissage, il faut recréer l’expérience du manuel utilisé en classe et pas seulement fournir un fac-similé. Il faut comprendre ce que les enseignants et les élèves essaient d’accomplir pour vraiment faire un meilleur usage du contenu.

Enfin pour Reiman. « les ebooks se développent et augmentent les possibilités des bibliothécaires à accéder à l’information et à montrer aux élèves toutes les façons dont ils peuvent apprendre et rechercher la meilleure information. Les ebooks sont en train de changer la bibliothèque de l’école. »

D’après l’article du 28/08/2015 de Publisher Weekly