L’autoédition, un nouvel Eldorado ?
Que se passe-t-il ? Il y a déjà plusieurs années maintenant, on pronostiquait la mort du livre imprimé, et l’avènement du livre numérique mais rien ne tout cela ne s’est produit.
Le livre imprimé, bien qu’en crise, mais quel secteur ne l’est pas, est toujours présent et utilisé. D’ailleurs, si on en croit les derniers sondages d’opinions, les jeunes préfèrent leur manuel scolaire papier aux manuels numériques. Il faut dire aussi que les manuels numériques ne sont pas toujours à la hauteur des espérances, souvent de simple conversions de PDF, inadaptés à la lecture tablette ou très pénible à lire sur ordinateur lorsqu’on n’en possède pas, ou bien complètement tributaire d’applications de lecture propriétaires des grands groupes de l’édition. Il y aurait beaucoup à dire sur le sujet, comme il y aurait beaucoup à dire aussi sur le format ePub3, si prometteur et qui ne trouve pas d’applications de lecture suffisamment aboutie pour le supporter. À moins bien sûr d’être l’heureux propriétaire d’un iPad ou d’utiliser là encore des applications de lecture des grands éditeurs, qui ne supportent que leurs ouvrages bourrés de DRM ou bien encore quelques rares applications payantes.
L’offre de livres numériques enrichis ne s’adresse aujourd’hui qu’aux plus fortunés, et en restreignant l’offre des supports, on a réussi à restreindre l’offre des titres. Mais ceci est un autre débat. Et pourtant…
Auteurs, les éditeurs ferment la porte !
Aujourd’hui en France si vous souhaitez éditer, et que vous n’êtes pas une star de Youtube ou ne possédez pas un nom dans le monde politico-médiatique, et que votre carnet d’adresse se résume à la liste des commerçants de votre quartier, vous n’avez aucune chance d’être publié chez un grand éditeur !
Si on regarde les chiffres de l’étude 2013 réalisée par BoD, on s’aperçoit que près de 48,1 % des auteurs interrogés avaient essuyés des refus de la part des éditeurs ou ne voyaient aucune possibilité de publier leur livre. Mais ce chiffre ne varie pas vraiment en Europe et ne surprend pas vraiment dans les pays où les maisons traditionnelles dominent le marché comme en France, en Suède, et au Danemark.
France | Danemark | Suède | Allemagne | Autriche | Finlande | Suisse |
---|---|---|---|---|---|---|
50,0 | 34,7 | 52,0 | 47,4 | 50,4 | 55,4 | 52,9 |
Aux extrêmes, nous trouvons la Finlande où les refus sont les plus nombreux et qui peut s’expliquer aussi par la très haute considération portée au contenu littéraire et le Danemark, où à l’inverse, il est à priori plus facile d’être publié. Il faut quand même noter au Danemark, comme dans les autres pays scandinaves, l’envahissement anglophone est tel que les mouvements de défense des langues scandinaves s’en inquiètent énormément.
Aussi ce chiffre danois peut-il, peut-être, s’expliquer par une volonté des maisons d’édition danoises, d’alimenter leur fonds en livres écrits dans leur langue ? C’est à vérifier, mais pourquoi pas.
Lorsqu’on interroge les auteurs européens sur la possibilité d’être édité, ils répondent à 68,6 % globalement que l’autoédition a été leur seul moyen. Ce chiffre grimpe pour la Suède à 84,3 %, 86,3 % pour la France et 88,9 % pour le Danemark, les trois pays où la domination des maisons d’éditions est la plus forte !
Les maisons d’édition : le filtre de la rentabilité à tout prix ?
Si on en croit le SNE, chiffres clé de l’édition Juin 2015, le chiffre d’affaire sur le marché global du livre en 2014 à reculé de 1,7 %. Dans une société basée sur la seule idée de vendre plus, il est évident que les acteurs du domaine s’inquiètent de cette évolution.
Curieusement, les domaines les plus en reculs sont ceux qu’on aurait crus en progression. Cependant il est possible de formuler quelques hypothèses à ces fléchissements.
Les livres scolaires sont concurrencés par les multiples fiches pédagogiques et exercices qui foisonnent sur le Web, et par les essais locaux d’enseignants pour réaliser leurs propres manuels numériques dans leurs établissements respectifs, mais aussi par la baisse des budgets dans les établissements en général. Rajoutons des tarifs assez onéreux pour les manuels numériques et on comprend mieux les réticences des établissements scolaires à effectuer des achats.
La bande dessinée subit une baisse du chiffre d’affaire depuis 2013 après 17 ans de progression. Depuis 2013, le nombre de titres s’est multiplié tout comme le nombre de sociétés d’édition, même si le marché est dominé par 3 acteurs prépondérants. Par contre, cette augmentation de titres rencontre une forte baisse des tirages. Il y a donc plus de choix avec moins de ventes ! Une offre bien trop supérieure à la demande, une réponse à la crise par la sur-publication de titres pour combler les baisses des ventes, quitte à ce que le lecteur s’y perde ? Mais pourquoi ? Peut-être, que parce qu’en situation de crise, la bande dessiné est relayée au titre de bien de consommation de loisirs et fait donc partie des restrictions. Ce qui peut aussi expliquer le recul du genre littéraire.
Les dictionnaires et les encyclopédies sont, quant à eux, directement concurrencés par le numérique et les services gratuits en ligne, comme l’incontournable Wikipédia et d’autres outils plus spécifiques.
Ainsi en situation de crise, le repli sur soi est de mise et il est très courant d’assurer ses acquis et éviter le moindre risque. Il suffit de regarder le catalogues des éditeurs pour se rendre compte que la plupart sont constitués de titres anglo-saxons, parfois très mal traduits, de titre portés à l’écran, bref d’achats de droits ou d’ouvrages réalisés ou non par, ou sur, des gens déjà connus ou « people-isés ».
Il est donc très tentant de n’éditer que ce qui est certain de fonctionner, alors pourquoi regarder du côté des nouveaux auteurs ? C’est ce même genre d’idée que l’on retrouve outre atlantique, « pourquoi éditer des auteurs étrangers alors que nous en avons des tonnes sur place » !
Profiter des succès… sur Youtube
Youtube devient une idée intéressante et lucrative, lorsqu’il s’agit de récupérer les Youtubeurs vedettes pour les éditer. Les succès des livres anglo-saxons (encore !) de la britannique Zoella et des américains Shane Dawson, Joey Graceffa ou Michelle Phan, tous Youtubeurs vedettes dans leur créneau, ne font que confirmer cette tentation. Ainsi Robert Lafon a édité la parodie de presse féminine de Natoo, (pour un résultat très sympathique, très visuel et très conforme à l’esprit de la Youtubeuse) et la maison d’édition Anne Carrière s’est occupée du livre autobiographique d’EnjoyPhénix. Il serait injuste de ne pas mentionner un autre youtubeur talentueux, Cyprien, qui lui, édite chez Dupuis une Bande Dessinée (dessins de Paka).
Ces ouvrages font des ventes à plus 100 000 exemplaires pour un prix de vente d’environ 15,00 €. À titre d’information, le tirage moyen relevé par le SNE se fait à moins de 6000 exemplaires. Le filon fonctionne, d’autant que ces ouvrages bénéficient d’une publicité hors du commun via les fans sur Youtube, puisque le nombre d’abonnés pour chacun d’entre eux dépassent les 2,3 millions et plus de 8 millions pour Cyprien !
Pour information, l’annonce de la publication a généré 40000 « Like » sur le compte de Natoo, 15 jours avant la sortie de l’ouvrage et la propulsé bestseller des ventes sur Amazon. Bien sûr ce genre d’ouvrage a tout d’abord rebutés les libraires car pour eux il s’agissait d’auteurs inconnus en provenance d’une autre planète qu’ils ne comprenaient pas mais le succès étant au rendez-vous, ceux-ci devraient être rassurés. Preuve encore de la frilosité du monde classique de l’édition.
Et si vous n’êtes pas une vedette de Youtube ?
Vous n’avez aucun avenir dans une grande maison d’édition ! Une grande maison d’édition préfèrera attendre que le succès soit au rendez-vous avant de vous solliciter. Ne perdez pas de vue que le succès d’Harry Potter n’a tenu qu’à un fil, puisque le manuscrit avait été rejeté par tous les éditeurs que l’auteur avait contactés et c’est la curiosité d’une assistante d’édition qui l’a sauvé.
Il y aura donc plus de chance d’obtenir une publication du côté des petits éditeurs qui, eux, malheureusement auront plus de mal à être présent dans les rayonnages des points de ventes (plus de 80 % des ventes se fait en librairie ou grande surface spécialisée) et prendront plus de temps (c’est une question de taille d’entreprise) à analyser les manuscrits qui leur parviennent.
Et si malgré les efforts, votre manuscrit n’est pas retenu, il ne reste que l’autoédition.
Librairies 1er niveau | Librairies 2e niveau + Internet + Autres | Grandes surfaces spécialisées en produits culturels (GSS : Fnac, Cultura…) | Grande distribution (GSA : Auchan, Carrefour, …) |
---|---|---|---|
27,5 % | 27,9 % | 27,5 % | 17,6 % |
Source SNE
Pourquoi autoéditer ?
L’autoédition peut être une solution pour éditer dans des secteurs très particuliers ou des niches. Peu de demande pour une offre souvent famélique.
Dans ce cas elle peut aussi procurer une certaine légitimité ou qualité d’expertise à leurs auteurs comme c’est le cas en Suède ou en Suisse où les auteurs publient plutôt des ouvrages liés à leur activité professionnelle.
Cependant, c’est la littérature générale qui monte au fil des années dans la répartition des genres littéraires. Ainsi, les niches restent des niches, et même si l’autoédition permet de combler ce secteur, cela reste sporadique. Le roman quelque soit son type est donc quelque chose qui fait rêver et attire les auteurs.
La reconnaissance n’est pas le seul moteur de motivation des auteurs, ni même parfois le principal moteur. Si on en juge par rapport à l’enquête de 2013 de BoD, pour les Finlandais, écrire est à la fois un loisir (84,1 %) et un besoin de reconnaissance (43,8 %). A contrario, pour les Français ou les Allemands avec respectivement 15,8 % et 7,8 %, ce n’est donc pas ce besoin de reconnaissance qui motive les auteurs.
Peut-être la seule satisfaction d’avoir édité ? Puisqu’ils sont 72,2 % à répondre que tenir leur premier livre entre les mains est le plus beau moment dans le cheminement de l’édition.
Hormis occuper des créneaux très particuliers de l’édition, ou percer avec un ouvrage de la littérature (50 nuances de Grey est d’abord un succès de l’autoédition), l’avantage de l’autoédition est indéniable d’un point de vu financier.
Les droits reversés aux auteurs dans l’édition traditionnelle tournent en général autour de 10 % et ne varient pas énormément dans le temps sauf cas particulier et auteur particulier. Dans le domaine de l’autoédition, les retours promis sont de l’ordre de 70 %.
Dans le monde de l’édition numérique, ce sont généralement des distributeurs qui fixent la donne en se prenant 30 % de commission (Amazon, Google, Apple, Tolino, Librinova…).
Ainsi d’un point de vue lucratif, l’autoédition est séduisante et 12,5 % des sondés de BoD en 2013 déclarent que leur activité d’écriture (en autoédition) représente une source de revenu : ils sont 13,7 % en France, 14,1 % en Allemagne, 11,1 % au Danemark, mais seulement 5,9 % en Suisse et 7,3 % en Finlande. Et ils sont 39,0 % à être satisfaits de leurs ventes en autoédition (sources BoD 2014).
Dans l’étude 2016 de BoD publiée ce mois-ci, 31 % des auteurs français déclarent que l’écriture est une source de revenu mais attention, ils sont 57 % à déclarer que l’écriture est leur activité principale alors qu’ils étaient 64,7 % en 2014.
« Autoéditer » est un mot que l’on associe à « édition à compte d’auteur ». Ce dernier terme signifie que vous courrez auprès de sociétés de services ou de communication ou d’imprimeurs qui vont éditer ou plus exactement imprimer votre ouvrage, à vos frais. Généralement il ne vous restera qu’à faire du porte à porte pour tenter de vendre votre stock d’ouvrages. L’édition à compte d’auteur est donc chère car elle oblige à imprimer un stock d’ouvrage pour espérer les vendre… vous-même.
Le « Print on Demand » est la solution de l’autoédition par rapport à l’édition à compte d’auteur d’autrefois. En effet depuis plusieurs années maintenant et même plus d’une dizaine d’années, l’impression à la demande s’est développée aux USA et au Canada. Les coûts d’impression dans le cadre du « Print on demand » étaient soit trop chers, soit économiques mais la qualité en pâtissait. C’est ainsi qu’on a vu fleurir outre atlantique des distributeurs de livres comme on avait des distributeurs de sodas, à ceci près qu’ils étaient imprimés en direct, avec peu de succès il faut dire. Dans les années 90, le grossite allemand Libri s’intéressait déjà à cette notion de flux tendu.
Aujourd’hui le « Print on Demand » offre une solution plus aboutie avec des coûts contrôlés et une qualité d’impression qui parfois n’a rien à envier aux ouvrages classiques. Il représente aussi une solution en terme de gestion de stock, puisque vous fonctionnez en flux tendu, et une solution écologique contre la mise au pilon des invendus, puisque que vous n’imprimez que ce qui est vendu ! Par contre pour un auteur indépendant, le Print on Demand n’est qu’une partie de la solution, il faut le coupler à des services d’édition.
Une des premières sociétés à s’être intéressée sérieusement à ce secteur est lulu.com. Fondée en 2002 par Bob Young, un ancien de RedHat, la société s’intéresse à l’autoédition dans les domaines du livre, de la musique, de la vidéo et du logiciel en conservant l’esprit et les convictions de son fondateur partisan des licences Common.
Lulu.com vous assistera donc à publier votre livre en offrant des prix attractifs pour des petits tirages, car c’est là, la dimension de l’autoédition.
Attention, il ne faut pas croire qu’il y aura des services liés, et si vous optez pour une édition numérique, amoureux de la langue de Molière passez votre chemin, Lulu.com ne prend en charge que les livres numériques réalisés dans la langue de Shakespeare.
Dans le registre français nous avons aussi Librinova qui a signé une collaboration avec Cultura. Basé sur le même principe, Librinova est plus proche des auteurs en leur offrant une véritable assistance, payante, dans l’édition du livre, et notamment en proposant des de fournir les ISBN. Le message d’accueil vous promet des revenus de l’ordre de 90% à 100% mais lorsque vous lisez plus loin il faut retirer environ 30% de commissions pris par les « tuyaux » de diffusion, qui ne sont pas le fait de Librinova. Ainsi ne vous attendez pas à des revenus supérieurs à 70%. Montant que vous aurez aussi en utilisant Google ou Apple ou Amazon. En fait c’est partout pareil au final sauf que vous ne trouverez aucun service chez les géant du Web.
D’ailleurs, le concurrent direct d’Amazon sur ce marché, Tolino (société allemande), annonce clairement un revenu auteur de 70%.
Citons aussi la société allemande « Books on Demand » qui offre un véritable service en terme d’autoédition en proposant des formules intéressantes en promettant de référencer l’ouvrage dans toutes les librairies et permettant une distribution via les grands acteurs du numérique (en choisissant l’option ad-hoc). Elle propose aussi un référencement aux USA, Canada, et Québec, et des services annexes tels que la traduction, la vérification ortho-typo, les conseils d’écritures, pour la couverture etc.
Que faut-il attendre des sociétés d’autoédition ?
Avant entendons-nous bien, une société venant vous proposer d’effectuer de l’autoédition n’existe pas. Il s’agit généralement de sollicitations publicitaires classiques comme on en trouve pour l’impression de cartes de visite. Et quand bien même, vérifiez consciencieusement le contenu de l’offre pour éviter toute surprise.
Après, tout dépend de votre niveau technique, marketing, éditorial et de vos connaissances en général.
A minima et pour le numérique, vous pouvez vous contenter que de déposer sur les réseaux de distribution d’Amazon, Google, ou Apple, vous aurez toute latitude de faire ce que vous voudrez sans aucune garantie ni soutien. En effet, même si Amazon est l’acteur numéro 1 de l’autoédition pour le numérique, il n’offre aucun services annexes. C’est à l’auteur de s’occuper de la relecture, de soigner et réaliser son ouvrage, de fixer le prix etc. La seule chose que l’auteur verra (peut-être) c’est une pool position éphémère dans les nouveautés.
L’avantage de se tourner vers les sociétés d’autoédition, c’est qu’elles vont justement faire ce que les distributeurs ne font pas ou le proposer moyennant finance.
Parmi les services on trouve : le référencement en France et à l’international, l’octroi d’ISBN, la réalisation d’actions promotionnelles (présence sur le salon du livre à Paris par exemple), réalisation de matériel promotionnel (flyer, carte de visite, poster), saisie, vérification / conseil d’écriture, numérisation d’images, réalisation des couvertures, des résumés, des traductions, de vidéo ou d’interviews….
Bien sûr cette palette de services est très variable selon les sociétés, tout comme leur coût.
Rarement, ces sociétés vont s’occuper de la promotion de l’ouvrage : travail sur les réseaux sociaux, sur les sites de lecture, contact avec les libraires, présence en librairie, réalisation de blog, sites, présence sur les salons. Elles pourront mettre ces outils dans vos mains, moyennant finance, mais ne feront pas le travail à votre place. Pourtant ce sont des facteurs jugés important pour le succès d’un livre.
Le contenu | Le marketing | Présence d’exemplaires en librairie | La couverture | La notoriété de l’auteur | La conception du livre |
---|---|---|---|---|---|
96,5 % | 92,7 % | 91,2 % | 89,9 % | 86,3 % | 84,0 % |
Selon l’étude de 2013 de BoD, 52,7 % des auteurs autoédités ont contacté des libraires afin qu’ils présentent leur livre et les vendent dans leur librairie, et 71,3 % des librairies contactées ont mis leur livres en vente, mais les chiffres passent à 49 % pour les contacts et 65 % pour les intentions de placement en librairie en 2016. Un léger fléchissement, certes, mais qui montre quand même que les libraires sont près à soutenir l’autoédition et les nouveaux auteurs.
54 % des libraires interrogés affichent des titres autoédités dans leur rayonnage, et 20% en ont déjà eu. Seuls 25 % ne proposent pas de titres d’auteurs indépendants. D’ailleurs 90 % des libraires se déclarent vouloir jouer le jeu à condition que les titres soient référencés correctement (Dilicom par exemple) ou distribués. Ce qui revient le plus dans les matières à améliorer c’est d’offrir de meilleures conditions commerciales (à 65 %) et de proposer un meilleur contenu (57 %). A priori la mise en page semble ne pas poser de problème puisque seulement 50 % des libraires en demandent l’amélioration et 47 % jugent le référencement perfectible.
Quelques chiffres sur l’autoédition
De plus en plus d’auteurs sont donc séduits par l’autoédition et certains noms n’hésitent pas à quitter leur maison d’édition traditionnelle. Effectivement, une fois que votre nom est connu, il est plus facile de vendre via le canal de l’autoédition, tout en dégageant beaucoup plus de profits qu’avec un éditeur traditionnel.
Cependant, personne ne peut dire actuellement quels sont les chiffres de l’autoédition.
En effet, pour Elisabeth Sutton, les ventes des auteurs indépendants ne sont pas ou peu comptabilisées dans les statistiques par les grands organismes comme Nielsen ou GfK, chargés de donner les chiffres de l’industrie du livre. De même, les grands distributeurs (Amazon, Appel, Kobo) ne communiquent pas sur leurs chiffres de ventes.
The Bookseller, gros éditeur au Royaume-Uni, a lancé un grand sondage à destination des auteurs autoédités et des petits éditeurs pour tenter de dresser un panorama complet sur les ventes réalisées en 2015. Le sondage n’inclus que les ventes effectuées en Grande-Bretagne. Une fois les résultats reçus, ils seront compilés par le média et ces chiffres feront partie d’un rapport global qui malheureusement n’est pas accessible librement.
Bowker a réalisé quant à lui une étude en se basant sur les numéros ISBN permettant d’estimer le nombre de titres parus. Malheureusement, il faut savoir que dans le domaine de l’autoédition, bon nombre d’ouvrages se sont affranchis du numéro ISBN, notamment parmi les ebooks kindle, d’une part et d’autre part l’octroi du numéro ISBN dans certains pays n’est pas gratuit comme en France. En outre, il s’agit d’une enquête sur le territoire US.
On entend un chiffre circuler de 52 milliards d’euros. Ce chiffre ne correspond à rien de sérieux et se base sur des spéculations. Cependant, que faut-il y mettre dans le marché de l’autoédition ? Le revenu dégagé par les ventes de titres sous couvert d’ISBN ?
Tous les titres ne possèdent pas de numéro ISBN à tors ou à raison mais quand on regarde les sociétés d’autoédition, elles englobent, les rapports, les thèses, les ouvrages à rayonnement familial, etc. qui représentent un coût mais qui ne sont pas vendus par leurs auteurs et ni n’ont l’obligation de porter un numéro ISBN.
La Bnf pourrait fournir un chiffre en se basant sur le dépôt légal. En effet, un auteur indépendant doit déposer un exemplaire de son livre au dépôt légal. Tous ne le font pas, plus par méconnaissance que par négligence. Généralement un éditeur s’occupe de cela car il édite le livre. L’éditeur dans le cas d’un auteur indépendant, c’est lui-même. C’est donc une obligation légale. Dans les sociétés d’autoédition, il est très dommage que ce service ne soit pas proposé pour chaque titre systématiquement gratuitement ou à coût très modéré, d’autant que l’affranchissement est gratuit pour le dépôt légal.
L’autoédition c’est donc un chiffre d’affaires pour les auteurs, un chiffre d’affaires pour les sociétés de services, un chiffre d’affaires pour les prestataires d’impression, un chiffre d’affaires pour les distributeurs numériques, et un chiffre d’affaires pour les libraires.
Des indicateurs, parmi d’autres
Pour être dans le top 500 des ventes, SMASHWORDS a déterminé en se basant sur l’analyse des eBooks vendus, qu’il fallait que le nombre de mots dans le titre de l’ouvrage soit inférieur à 5 mots et qu’au final le nombre de caractères devait être inférieur à 31 caractères, l’idéal tournant autour de 25 caractères.
En focalisant sur le nombre de mots constituant la description de l’ouvrage, il détermine que les meilleures ventes ont un nombre de 4000 caractères environ, soit entre 500 et 600 mots. Les plus mauvaises ventes sont à des nombres inférieurs. Cependant plutôt que de se focaliser sur le nombre de mots, mieux vaut travailler la qualité de la description et captiver le lecteur dès la première phrase.
Concernant les eBooks, Smashwords s’est aperçu que le ventes plaçaient en tête de peloton les livres de plus de 100 000 mots et que concrètement moins il y avait de mots et plus le livre se trouvait dans les abîmes de l’édition. Il calcule ainsi le nombre d’or du roman qui se situerait à 112 195 mots précisément !
Smashwords détermine aussi en se basant sur la capacité des auteurs à faire varier à loisir le prix de leurs livres, que les variations de prix avaient un impact sur les ventes, attendu que les réductions consenties n’étaient pas trop fortes. En effet, il constate notamment que les ventes chutent proportionnellement aux baisses consenties. L’effet est même dévastateur lorsque le livre est bradé à 50% de son prix, les ventes chutes considérablement. Autant ne pas jouer avec les prix !
Concernant les prix de vente il est intéressant de noter que les prix qui génèrent le plus de ventes sont ceux dans la tranche $2,00-$2,99 et dans la tranche $0,99. Entre les deux, les ventes sont pratiquement divisées par 2 et au-delà des $2,99 les ventes ne dépassent pas les 4000 exemplaires et tombent sous la barre des 1000 exemplaires à partir de $5,00.
Ceci était vrai en 2012 et l’est toujours en 2013 avec des différences encore plus marquées sur les autres tranches.
Inversement les revenus dégagés au titre, par les auteurs indépendants sont plus important lorsque les prix sont plus élevés, forcément, la marge est plus importante, cependant, ils ne vendent que très peu et du coup le revenu global est inférieur à celui des auteurs ayant fixé leur prix dans la tranche $2,00-$2,99.
Petite remarque supplémentaire, on trouve en 3ème position, les ventes de livre gratuit !
Sources : http://blog.smashwords.com/2013/05/new-smashwords-survey-helps-authors.html
En conclusion
Depuis plusieurs années l’autoédition se modernise, se rationnalise, se professionnalise et devient pour bon nombre d’auteurs, une solution économique intéressante ou la seule issue possible à l’édition de leurs titres. Quoi qu’on en pense, elle suscite de l’intérêt sinon des convoitises. Même si le poids de l’autoédition est difficile à estimer, il reste important cependant, si les auteurs sont séduits par la formule, tous ne se vendront pas.
Amazon et Tolino se font concurrence et Cultura signe avec Librinova. Rapprochement ? Signe d’une volonté de récupérer une manne financière ? Il suffit de regarder l’encre qui est en train de couler autour d’un rapprochement Canopé-AMAZON supposant l’entrée de l’autoédition dans le secteur éducatif, à tors ou à raison, pour comprendre que le marché de l’autoédition représente un poids financier conséquent et suscite des inquiétudes.
Le « print on demand » semble une solution pour les auteurs pour imprimer à moindre coût à des qualités raisonnables et peut l’être aussi pour les éditeurs pour économiser sur les tirages plutôt que de stocker. Mais toutes solutions du « print on demand » ne se valent pas. En outre les sociétés de services proposent souvent qu’un seul format d’impression ce qui peut être un frein pour certains ouvrages. On peut aussi se poser la question de la qualité lorsqu’on rencontre des coûts à 6,50€ l’ouvrage A5 de 200 pages, les prix extrêmement bas sont souvent la cause d’une qualité moindre où d’externalisation du service dans des pays lowcost.
Quelque soit le volume du marché de l’autoédition, les éditeurs devraient y regarder de plus près. Car à regarder les sociétés d’autoédition, et surtout les services qu’elles proposent, nous ne sommes pas loin du même domaine. Et pourquoi pas ne prendre que le meilleur des deux mondes ?