Production d’EPUB 3
1. Avant-Propos

L’OBLIGATION D’ACCESSIBILITÉ

La commission européenne par sa directive Accessibility Act de 2016 a décrété notamment que toute ressource numérique devait être accessible. En fait, l’objectif annoncé est de réaliser une société inclusive.

Elle a aussi intégré dans sa directive un processus sanctionnateur déclinable au niveau de chaque état membre. Actuellement cette directive est en voie d’adaptation dans chacun des états européens.
Le gouvernement français a déclaré lors du dernier salon du livre à Paris que cette directive sera effective en France à l’aube de 2025. Cela a pour conséquence qu’à partir de cette date les organismes et entreprises qui ne se seront pas conformés à la directive européenne seront passibles de sanctions et d’amendes. Il a été a aussi précisé que le format EPUB 3 était le plus à même de répondre à cette exigence dans le domaine des ebooks.
Outre ces obligations légales, le format EPUB 3 dans sa forme repositionnable – reflow – est bien le format le plus souple pour réaliser l’accessibilité en matière d’ebooks. Cependant l’accessibilité possède des exigences différentes voire opposées aux pratiques habituelles utilisées pour les versions imprimées.

En accessibilité, la logique et le sens priment notamment sur la mise en forme. Les exigences typographiques sont remplacées par des exigences sémantiques et complétées par des techniques précises.
De plus, une version numérique est plus sensible aux écarts de styles, elle est donc plus rigoureuse et plus stricte dans ses standards que ne l’est une version imprimée. Tout éloignement aux styles prédéfinis ou personnalisations peut engendrer une anomalie.

Le format repositionnable (reflow, reflowable, redistribuable) s’adapte à la page-écran. L’application de lecture dirige la présentation des pages (comme sur le web) et effectue elle-même les sauts de pages. Les polices de caractères, la taille des caractères, de l’entre-ligne, les marges peuvent être pilotées par l’utilisateur. L’éditeur n’a donc pas le contrôle total de la présentation contrairement à un mode fixe (par exemple dans le cas du PDF). Cependant c’est un incontournable pour l’accessibilité puisque l’utilisateur va pouvoir en modifier la présentation selon ses propres besoins (et les capacités de son matériel).
Un livre numérique accessible est donc avant tout un ouvrage technique, demandant des compétences Web et plus de rigueur. Le résultat final sera généralement plus éloigné du rendu de la version imprimée. Ne pas oublier que le livre numérique et le livre imprimé sont deux produits différents, avec des rendus différents.

EPUB 2 VS EPUB 3

Le passage d’une version EPUB 2 à une version EPUB 3 peut devenir fastidieux. En effet, les versions EPUB 3 sont réalisés en HTML 5 et augmentées de la sémantique au contraire des EPUB 2 basé sur du HTML 4. La conséquence est que le contenu d’un ouvrage en EPUP 3 doit être organisé en éléments distincts, le texte étant le flux principal la plupart du temps. Il faudra donc créer des blocs pour les encadrés, les entêtes de chapitre, tableaux, les illustrations (blocs constitués de l’image et de sa légende), les notes au bas de page, les notes de fin de chapitre, etc.
En général cela signifie que l’intégration du texte en PAO doit refléter cette réalité, c’est-à-dire que le texte doit être organisé en blocs.

Aussi, pour un roman, les blocs se limiteront à des blocs de chapitre, chaque chapitre représentant un bloc dans lequel se trouve le texte. Pour des ouvrages plus évolués, il faudra interrompre le flux du texte ou/et y placer des blocs d’encadrés par exemple. L’intégration du texte en PAO devient alors plus complexe que pour un EPUB 2.

De plus, les blocs doivent être caractérisés d’un point de vue sémantique, c’est-à-dire qu’ils doivent être nommés en utilisant l’attribut [epub:type] propre à l’EPUB 3. L’accessibilité vient rajouter à la complexité technique en demandant la même chose mais selon ses propres spécifications (WAI-ARIA) c’est-à-dire en utilisant notamment les attributs [role].
Le hic est que tout n’est pas réalisable en PAO et nécessite forcément une adaptation en post-production, directement dans le code HTML du livre. En EPUB 2 il pouvait être possible de générer un livre sans avoir à modifier le code. Ce n’est plus le cas en EPUB 3.

LES LIMITES D’INDESIGN

Indesign a fait d’énormes progrès depuis la sortie de la version CS5 qui intégrait la fonction d’export EPUB pour la première fois. Malgré cela, il existe des bugs et des limites.

Les balises export

Dans Indesign les balises proposées pour l’exportation des styles (panneau de style) sont éditables… en tout cas pour les styles de caractères, les styles de paragraphes et les styles d’objets. Mais cela s’arrête là ! Les styles de cellules par exemple ne peuvent pas voir leur balise éditée et pire reprennent intégralement le nom du style Indesign comme nom de style CSS.

Qualifications de blocs

Le nom des valeurs pour l’attribut [epub:type] est maintenant strict et contrôlé. En d’autres termes, il est inutile d’essayer d’y glisser la valeur « pullquote » pour un encadré, car elle fait partie des valeurs « draft » donc non officialisées alors que cela était possible avant les dernières mises à jour.
De même la norme EPUB autorise l’utilisation de valeur double et ce qui était possible avant, ne l’est plus. Ainsi, les développeurs d’Indesign tendent à rigidifier la flexibilité du logiciel, en tout cas pour l’EPUB. Ceci oblige donc à passer dans le code pour procéder aux ajustements.

L’utilisation des listes

Le mode liste est bogué pour l’export WEB (HTML, XLM, EPUB). Le bug est répertorié par Adobe depuis 2017 mais existe depuis la version CS5. Malheureusement, Adobe ne l’a toujours pas solutionné et semble très inactif sur le sujet. Même si cela fonctionne parfaitement bien à l’écran et on peut donc l’utiliser sans problème pour les versions imprimées, la conversion des listes en export pose problème. En effet, la liste ne s’arrête pas, la balise fermente de la liste est placée en fin de fichier et non à la fin de la liste. Le texte entier devient donc une liste.
Le bug est malheureusement aléatoire. En fait, les listes fonctionnent mieux lorsqu’elles sont des listes ordonnées que des listes à puces (on peut tordre les listes ordonnées pour qu’elles fonctionnent comme des listes à puces). Inutile de penser à modifier la fonctionnalité « style à appliquer après » pour bloquer la propagation de la liste, il n’a aucune incidence technique. Placées à l’intérieur d’un tableau, les listes semblent mieux fonctionner. Le taux d’erreur de conversion, même si c’est aléatoire, frise les 70 % !

Mieux vaut donc s’abstenir d’utiliser les listes. Il faudra de toute façon les intercepter dans le code.

Attention ! Ce n’est pas parce que le mode liste n’est pas identifié qu’elles doivent être stylé comme du texte courant. Il vaut mieux utiliser un style qui leur est propre. Elles seront plus facilement identifiables voire interceptées automatiquement dans le code pour être corriger comme il se doit.

L’imbrication des styles

L’imbrication des styles fonctionne mal sous Indesign. Les balises qui sont générées ont tendance à être placées les unes à la suite des autres en fonction de la manière avec laquelle elles ont été fabriquées. Il ne s’agit pas d’un bug mais d’un mode de fonctionnement du logiciel. Aussi il faudra les contrôler dans le code pour effectuer un nettoyage en post-production.

Les feuilles de style Indesign

Lors de l’exportation, il est possible de demander à ce que Indesign génère sa propre feuille de style CSS. Ce n’est pas recommandé. En effet cette fonctionnalité, introduit dans le code généré des éléments perturbateurs : des identifiants, des classes supplémentaires propres à Indesign, etc. Ceci rend encore plus complexe la feuille de style CSS et le code en général, en plus de générer des anomalies d’affichage. Cela fonctionne néanmoins mieux pour les formats EPUB fixed layout. Naturellement, il devient dans ce cas, obligatoire de nettoyer le code de ces éléments perturbateurs.
Il est possible de cumuler les feuilles de styles Indesign avec ses propres feuilles de style. Or comme l’ordre des feuilles de style est important, il convient d’y faire attention lorsqu’elles seront spécifiées dans le panneau des paramètres d’export. Il faudra quand même le contrôler dans le code car une des versions d’Indesign a longtemps placé sa feuille de style en dernier, c’est-à-dire qu’elle écrasait systématiquement les paramètres définis par la feuille de style personnelle.
Il est plutôt recommandé, pour avoir un meilleur contrôle sur le rendu, de n’utiliser que ses propres feuilles de style.

Nouvel ISBN ou pas ?

En cas de doute, s’il vous faut un nouvel ISBN ou pas lorsque vous réalisez une version numérique, retenez ceci :
Si un ouvrage, par son format (réimpression en format poche par exemple), son utilisation (prêt…) ou / et ses fonctionnalités (restriction de l’impression sur une version numérique par exemple) diffère de la version dont il est issus alors il doit avoir son propre ISBN.
Ceci n’a donc rien à voir avec le fait qu’il soit distribué gratuitement. En plus dans le monde numérique, les ouvrages ne peuvent pas posséder le même identifiant. Ainsi par définition l’ISBN est un identifiant unique au livre, un livre numérique doit donc de toute façon avoir un ISBN unique.

Source : isbn-international.org