Des épées légendaires
Excalibur
Excalibur est l'épée du roi Arthur, le roi des Bretons. Certains considèrent qu'Excalibur et l'Épée du Rocher (l'épée qui est retirée du rocher par le seul Arthur, et preuve de la lignée d'Arthur) ne sont qu'une seule et même arme, mais dans la plupart des versions de la légende ce sont bien deux épées distinctes.
Excalibur a la réputation de ne pas pouvoir se briser et de pouvoir trancher n'importe quoi. Son fourreau protège son possesseur de tous les coups qu'il pourrait recevoir. Le roi Arthur, détenant l'épée et le fourreau était donc invincible.
L'origine de l'épée et de son nom est floue. D'autant que celle-ci apparaît dans plusieurs légendes galloises, irlandaise sous des noms divers : Excalibor, Escalibor, Excaliber, Calibourne, Caledfwlch, Caladbolg ou Galatbrog.
Au XIIe siècle, Geoffroy de Monmouth est le premier auteur à nommer cette épée dans une autre langue que le gallois. Dans son Historia regum Britanniae, il latinise le nom en Caliburnus, altération du celtique peut-être d'après le mot chalybs, terme latin signifiant « acier ». Le mot est repris par les poètes français peu après, et la forme évolue en Escalibor puis Excalibur. L'altération de l'initiale en Ex- est faite d'après le latin Ex cal[ce] liber[atus] (« libéré du caillou »).

Cette invention est destinée à donner à la dynastie des Plantagenêts, rois d'Angleterre d'origine continentale, une légitimité prestigieuse en Grande-Bretagne, opposant à Charlemagne, l'ancêtre des rois de France, un mythique roi Arthur : le roi Henri II fait chercher le tombeau d'Arthur à Glastonbury et des moines assurent l'avoir trouvé. Ils prétendent aussi avoir trouvé Excalibur, l'épée du roi Arthur.
Rappelons que les épées pouvait porter des noms comme les sabres des samouraï, ou des incantations ou formules magiques ou religieuses sensées protéger le possesseur de l'arme. L'inscription de l'épée Excalibur et de son origine est subtilement repris dans le film « La dernière légion » de Doug Lefter en 2007 et rejoint le principe de l'altération comme à la façon de Ex cal[ce] liber[atus] (« libéré du caillou »).
Mais à ce jour, Excalibur reste introuvable...
L'épée de Gram
Dans la mythologie nordique, Gram (du norrois Gramr : courroucé, hostile), Balmung, ou parfois Adelring (en allemand « anneau de noblesse », ou en norrois « noble épée »), est le nom d'une épée de légende.
Celle-ci est également présente dans plusieurs mythes ou légendes germaniques sous différentes formes notamment dans la Saga des Nibelungen.
Dans les pays scandinaves (à l'origine de la légende), Gram est une épée donnée par le Dieu Odin, elle fut plantée dans un noyer. On retrouve ici l'idée de retirer une épée magique d'un objet.
Pour les pays germaniques, elle est forgée par Völund et appartient à Sigmundr (Sigmund), avant d'être brisée en deux. En effet, celui-ci n'avait rien trouvé de mieux que de se retourner contre Odin pour le combattre avec l'épée qui évidemment se brisa.

Illustration réalisée à partir du films Les Nibelungen (1924) de Fritz Lang
Son fils Siegfried, voulu plus tard s'emparer du trésor des Nibelungen mais celui-ci était gardé par un terrifiant dragon du nom de Fafnir. Aussi il demanda à Völund de lui forger une épée capable de terrasser le dragon.
Celui-ci lui forgea une première épée que Siegfried éprouva sur l'enclume. Bien sûr celle-ci se brisa net.
Aussi Völund suggèra à Siegfried de demander à sa mère les morceaux de l'épée Gram que son père avait brisé afin qu'il puisse la réparer. Un fois fait, l'épée réparée coupa en deux l'enclume du forgeron. Siegfried pouvait affronter le dragon qu'il tua, ainsi que le frère de celui-ci, Mime ou Regin, chez les scandinaves.
Dans cette légende, Siegfried casse une première épée que lui forge Völund, puis une deuxième en voulant l'éprouver contre l'enclume et c'est à la troisième fois que l'épée résiste, l'épée ayant alors été forgée à partir des restes de Gram.
On dit parfois de Völund qu'il est le Prince des Alfes noirs de Svartalfheim.
La suite de la légende de Siegfried est connue. Il se baigne dans le sang du dragon pour être invincible mais à ce moment précis une feuille d'arbre vinet se poser sur son épaule, ainsi épargnée par la magie. Il mange le coeur du dragon lui révélant l'avenir, à savoir que le nain Mime attendait son retour pour le tuer... Piège qu'il déjouea...
Siegfried fut ensuite trahi et assasiné par ses amis. Sa femme se jura de venger la trahison et la mort de son époux. Bien des années plus tard, elle fut donnée en mariage à un seigneur de guerre, Attila dit-on. Elle invita les assassins de son mari aux festivités et en profita pour les tuer avec l'épée Gram... Siegfried fut ainsi vengé, mais Attila horrifié par le comportement de sa future épouse, l'a fit exécuter...
L'épée de Witham
Cette épée n'est pas légendaire contrairement aux deux autres. Elle est néanmoins bien réelle et possède sa part de mystère.

Source : British Museum
Cette épée a été trouvée dans le comté de Linconshire en 1825 dans l'Est de l'Angleterre, dans le lit de la rivière Witham et a rejoint les collections du British Museum.
Gravée sur la lame figure une mystérieuse inscription incrustée de fil d'or :
+ NDXOXCHWDRGHDXORVI +

Source : British Museum
Presque 200 ans après sa découverte, le message n'a toujours pas été déchiffré.
D'après les historiens, l'épée de Witham est sans doute une épée du XIIIe siècle forgée en Allemagne. Les gravures représentant les combats entre Français et Anglais en 1203, montrent bien des épées similaires.
L'épée de Witham fait 96 cm pour un poids de 1,2 kg donc plus grande et plus lourde qu'une épée Ulfberht et daterait entre 1250 et 1330. Avec son double tranchant, elle aurait été portée par un Croisé.
Comme pour les épées vikings qui portaient des inscriptions runiques, l'épée de Witham pourraient porter une incantation magique ou religieuse censée conférer à l'épée une sorte de pouvoir magique, une prière, voire le nom du propriétaire ou du fabricant. Pour Marc Van Hasselt, diplômé d'Histoire médiévale à l'Université d'Utrecht, il serait aussi possible qu'il s'agisse d'un effet de mode...
Un certain nombre d'épées similaires à celle-ci ont déjà été retrouvées dans plusieurs pays d'Europe : la France, la Pologne, la Suisse, les Pays-Bas et l'Angleterre.
Par les chercheurs du Fyris Swords Project, il est possible que cette tradition ait duré pendant l'ère chrétienne et que ces inscriptions soient une sorte de prière.
Marc van Hasselt explique dans ses travaux que ce type d'inscription n'est pas une première et que l'on trouve la même calligraphie énigmatique sur plusieurs épées mises au jour en Suède, en France, en Pologne ou aux Pays-Bas. Il pense que l'inscription doit se lire en latin, qui était la langue internationale (ou plutôt européenne) de l'époque et propose de comparer le message avec celui que l'on peut lire sur l'épée découverte à Alphen aan den Rijn, aux Pays-Bas :
+ BENEDOXOFTISSCSDRRISCDICECMTINIUSCSDNI +
+ DIOXMTINIUSESDIOMTINIUSCSDICCCMTDICIIZISI +
Pour lui, chaque message commence par une sorte d'évocation, sur l'épée de Witham, c'est NDXOX, qui peut correspondre à Nostrum Dominus (notre Seigneur) ou Nomine Domini (le nom du Seigneur), suivi par XOX. Sur l'épée d'Alphen, les lettres de départ se lisent BENEDOXO. Très probablement, il faut lire Benedicat (une bénédiction), suivi par OXO. Peut-être que les combinaisons de lettres - XOX et OXO – font référence à la Sainte Trinité.
Sur l'épée d'Alphen, une combinaison est répétée alors 3 frois : MTINIUSCS, ce qui peut s'interpréter comme Martinius Sanctus – Saint Martin.
Ainsi pour Marc van Hasselt, les inscriptions seraient du latin abrégé ! Or rien ne dit que tous les fabricants d'épées ou tous les lettrés de l'époque abrégeaient les mots de la même manière. Il suffit de voir comment on se sert à notre époque des SMS.
Peut-être que ces inscriptions ne soient que des transcriptions latines de runes ou d'autre chose... Pour l'instant le mystère reste entier.